Broderie Haute

Exposition au Musée de l’Hospice Saint-Roch, Issoudun.​

Pièce réalisée lors d’une résidence au Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun en 2018.

Tissus et fils rouges cousus sur papier Hahnemühle. Filin laiton.
Mobilier en bois réalisé par l'équipe du Musée de l'Hospice Saint-Roch.
195x122x70 cm / 2018.

Broderie Haute est une grande feuille de papier Hahnemühle d’un format “linceul” dont les dimensions sont celles d’un corps couché. Ce papier, d’un fort grammage, évoque la pesanteur d’un corps inerte. En un sens, il fait corps.

La partie centrale a été ouverte selon la découpe tranchante du Y, celle pratiquée par l’anatomiste qui ouvre le corps du cadavre pour voir ce qui se cache en son sein. De cette découpe surgit un ensemble de bandelettes en tissu, cousues les unes aux autres par un fil à broder rouge. Les fils de couture sont laissés volontairement longs afin qu’ils puissent recréer un réseau dense selon leur mouvement propre et irriguer l’ensemble de cette protubérance de lin.

L’ensemble est placé sur une table en chêne qui reprend les codes des tables de dissection. Le corps est placé à hauteur de bistouri et un léger rebord est prévu pour contenir les fluides corporels.

Cette pièce fait autant appel à l’imagerie médicale qu’à l’iconographie religieuse. Inspirée du geste de l’anatomiste, elle met en avant la volonté scientifique de traverser le corps pour mieux en comprendre les fondements, les mécanismes et ainsi son animation profonde. Elle fait également écho au corps souffrant du Christ, dont les plaies ouvertes laissent échapper le sang, laissent entrevoir la fragilité de la vie et le mystère de l’existence.

Broderie Haute me permet ainsi de donner forme à l’idée fantasmée d’un intérieur de corps, dont la peau retournée laisse cependant entrevoir l’animation toute sanguine, celle-là même qui est à l’origine de la vie.


©Photo de Pascal Tissier, Salle des femmes, Musée de l'Hospice Saint-Roch.