Debout sur la roche calcaire, mon corps est nu, et de ses bras tendus il maintient une colonne blanche, au-devant de lui. Cette colonne, façonnée de mes mains dans la porcelaine, est composée d’osselets aux allures végétales, et double mon corps d’une ossature florale.
Les éléments se mêlent dans un continuum de formes et de matières. Le corps, la roche, la colonne et l’eau composent un paysage où les formes organiques, minérales et végétales se côtoient, se prolongent et interagissent. Les ombres portées unissent symboliquement toutes ces entités, les reliant les unes aux autres de leur impalpable présence.
La colonne végétale incarne un double, structurant, indispensable, celui d’une altérité qui entre en résonance, en échos avec mon principe d’existence, jusqu’à s’y confondre. En associant l’humain – l’anthropos – évoqué par la présence de mon corps, et le non-humain, suggéré par la forme végétale en croissance de la colonne, je développe l’idée d’une continuité, d’une indistinction dans la circulation des matières et dans le mouvement des existences.
Les photographies ont pour dessein de capter la relation qui unit le corps à la colonne végétale, et plus largement le corps à son environnement, immergé dans l’espace saisissant de la rivière.